Money for nothin’ and chicks for free ou presque

Réponse à la demi-part du podcast thebroclash, laurentDoucet et son billet C’est pas parce que 38 millions de mecs font la même connerie que c’est pas une connerie.

Mais je reste sur le cas MMC, car il met en lumière un autre problème de « l’appel au peuple pour les sous » dans l’artistique. Le grand public à mauvais goût.

Je reste assez mitigé sur cette phrase que tu nous balances comme ça. Et pour expliquer pourquoi, je vais paraphraser Desproges (chroniques de la haine ordinaire du 31 mai 1986) qui lui même paraphrasait Jean Paul Sartre dans « Critique de la raison dialectique » et tout mettre à ma sauce en plus.

Il faut revenir à cette première vérité du marxisme : ce sont les hommes qui font la mode; et comme c’est la mode qui les produit (en tant qu’ils la font), nous comprenons dans l’évidence que la «substance» de la mode, si elle existait, serait au contraire le non-homme (ou, à la rigueur, le pré-Homme) en tant qu’il est justement la matérialité discrète de chacun.

Tout ce déroulement pompeux de culture inutile pour vous poser une question simple. Est-ce la masse qui fait la mode ou la mode qui fait la masse?

Le propre d’une maison de production sera de créer un objet qui plaira au plus de monde, quoi de plus simple si on manipule soi même la mode? Bien sûr, pas de critique conspirationniste ou de pseudo hipsterisme (le gaulois) dans ces quelques mots, mais plus un questionnement ou un regret. Tu dit que le grand public à mauvais gout, mais qui en est la cause? Qui en est vraiment à l’origine? Il a été prouvé scientifiquement, et je parle du cas de la musique, que de nous passer et repasser à outrance un morceau le fait s’imprimer dans le cerveau et il finit ainsi par nous plaire. Le contenu de notre crane aimant la répétition et la monotonie. Et comme je l’avais développé dans le billet précédent, une entreprise est là pour être rentable, le moins de risque, le plus de bénéfice. Alors autant reproduire une même soupe tous les ans, les gogos sont habitués et vont acheter. Ils ont été conditionnés pour ça.

Là où je veux en venir, c’est qu’avec la forme actuelle de foulesousous à contrepartie (Ullule / kickstarter et consorts), ce sont des projets de niche qui vont voir le jour. Des petits projets pour des petits groupes de gens. L’avantage des réseaux sociaux bien utilisés est de pouvoir souder ces communautés. Et je pense qu’en tant qu’auditeurs de podcasts / producteurs de podcast nous sommes en plein dans les réseaux sociaux, nous faisons partie d’une niche en tant que tel.

Des projets modestes n’ont plus besoin d’être vendu à des millions d’exemplaire pour pouvoir exister à travers des sociétés plus qu’imposantes et frileuses.

Barberouss, dis moi que tu es ironique !

Bien sûr que je suis ironique en parlant des « bienfaits » des réseaux sociaux. C’est un outil à double tranchant. Un petit projet peut aussi bien fleurir que se faire submerger par les flots numériques qui nous inondent chaque jour. Et on peut défendre une idée tout en restant un minimum objectif…
D’ailleurs, sur Ulule, savais tu que, si un projet n’as pas été financé, ils gardent ton argent dans un « porte monnaie »? Alors, Ulule est il une banque? Non, un intermédiaire en opération de banque (cf FAQ Ulule). Alors, site de crowdfunding « presque banque » du 21ème siècle?

A quand un foulesousous étiqueté BNB, société géniale ou La branque postale ?

Sachant que les banques sont ULTRA frileuse, au moins aussi frileuses qu’un propriétaire cherchant un locataire en plein Paris, pour soutenir les projets et les PME, comment donc lancer des projets? J’ai du me porter garant pour ma propre mère, qui avait besoin d’un micro-crédit accordé par la région pour lancer son activité. A hauteur de 2000 euros. C’est juste dingue.

Mais finalement c’est de la précommande.

Cela n’a rien d’altruiste et de désintéressé. Le client comme le vendeur y gagne. Quel étrange détournement du libéralisme ou seul le marchand gagne…

Pour l’altruisme et le désintérêt il a les associations loi 1901 non? On parle de crowdfunding, donc de projet commerciaux pour la majorité. On précommande un objet qui VA sortir. Dans un foulesousous, on pose une option sur un avantage / objet si le projet se finalise.

Autre point, le financement participatif est par définition : participatif. Quand tu précommandes, tu ne participe pas, tu as ton objet « en avance », ton objet est « réservé ». Dans le foulesousous généralement, tu as un remerciement, ton nom, une petite carte, l’objet en avance, une dédicace, un plus produit, que sais-je encore. Tu participes aussi à la promotion de l’objet, tu mets ton poids dans la balance. C’est ce que je disais dans le billet précédent, la force des réseaux sociaux, c’est le poids de ta propre voix et l’implication que tu peux y mettre.

Tu te souviens peut être de cet épisode de l’apéro du captain où Ghislain de Dorcel était invité, et à parlé de leur film X financé par les internautes. Chez la marque au X rose, ils se sont rendus compte que les « financeurs » devenaient VRP mais aussi protecteurs du film. Changement de mentalité de la personne qui investit ou juste pur fanboyisme ?

La vache ! Mais le net n’était pas censé réduire les intermédiaires et mettre le consommateur en rapport direct avec le créateur ? J’ai l’impression que les pratiques du temps des grandes maisons de disques n’ont pas complètement disparues. Sachant que ses sites laissent allègrement grimper les mises au-delà de la demande des créateurs, ça sent encore l’arnaque…

Tu utilises le mot réduire, et c’est exactement le cas. Internet réduit les intermédiaires entre le projet et les internautes. C’est aussi l’occasion pour l’entrepreneur de garder la maitrise de son projet, et aussi de l’argent. Mais tous système ou méthode a ses limites. On ne peut pas être totalement indépendant. Prend l’exemple du chtemele de pascal Mabille et babozor, il leur à bien fallut passer par un imprimeur pour produire leur chtemele.

chtemele

Mais toute l’intelligence, toute la préparation, la promotion sera complètement gérée par eux. C’est un peu comme faire soi même la vidange de sa voiture au lieu de l’apporter au garage (la grotte du barbu saison4épisode 0D). Ça coûte surtout du temps, mais permet d’économiser pas mal d’argent; argent qui sera investit dans le projet plutôt que gaspillé dans les poches d’un producteur.

Le foulesousous c’est réduire les intermédiaires qui nécessairement pomperont une bonne partie de l’argent. Et, on connait bien le problème dans le monde du CD. Je veux rémunérer l’artiste, mais pas forcément les 43 intermédiaires…

De plus, peu de chance que je donne de l’argent à une personne X pour un projet incertain. Ici, comme je l’avais expliqué, la structure permet une centralisation des participations, donne une figure de proue censée donner une image sérieuse. CF le barbucast numéro 5 de babozor qui parle de coup-de-pied-demarreur (relou de dire kickstarter) et du changement de leur politique. Ils adaptent leurs business au marché et aux problèmes rencontrés.

D’ailleurs, toi l’internaute qui rajoute dix brouzoufs à un projet déjà financé et en excédant de milliers de brouzoufs, n’es tu pas un peu con ?

Même si un projet est déjà financé, on peut très bien ajouter de l’argent pour le faire aller plus loin ou pour juste avoir l’objet. On peut continuer à le soutenir même sans contrepartie. Soutiens sans contrepartie, don d’argent, on se rapproche un peu du caritatif ? Nombreux sont les projets à proposer des contreparties supplémentaire si l’objectif initial est atteint et certains seuils dépassés. Dans le jeu vidéo, on peut parler de personnages supplémentaire, de versions doublées, de version boite, etc.

Babozor en parle dans son dossier crowdfunding dans le barbucast 5 d’ailleurs, un des soucis c’est la gestion des montants excédants et du risque d’être submergé. Peut être un futur hors série de Quid Novi sur le sujet tiens…

Rappelez vous une chose, dans le monde commerçant, la confiance n’a pas sa place. Seule la loi compte. Le profit poussera toujours l’homme du mauvais côté de la barrière de l’enclos et vous laissera vous, client, du côté ou il y a la bouse.

Alors là, je ne te suis pas vraiment pas dans cette voie. Tu nous parles de confiance inexistante dans le monde commerçant, et là, j’ai comme de l’urticaire qui pousse. La confiance est une valeur essentielle dans le commerce de proximité. Il y a un adage qui dit : « 10 ans pour gagner la confiance, 10 secondes pour la perdre ». Ce genre de maxime s’applique dans beaucoup de profession mais aussi dans le domaine privé. La confiance comme la fidélité ont leur place dans le commerce. Mais je parle à un Parisien, donc c’est peut être plus compliqué pour toi de comprendre 😀 (oui, là, j’avoue c’est facile, c’est le provincial qui se moque). Je parle bien de commerce de proximité, mais ça s’applique à tous les commerces. Tu as peu de chance de revenir dans une échoppe où tu t’es fait avoir, ou alors, tu aimes ça et là, ton masochisme ne regarde que toi. Je ne vais pas parler ici de l’enculiste (à ce niveau là je ne dis plus garagiste) qui à réparé ma voiture. Et c’est peut être ça la force du crowdfunding. La proximité avec sa cible, avec sa communauté. On passe d’un microcosme à un macrocosme, une anti-globalisation?

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Mais produire quelque chose à un coût et je me refuse à en assumer la charge, sous prétexte que les entreprises plus grosses se refusent à risquer leur pognon.

Souvenirs de cours d’économie au collège : quand tu achètes une boite de Thon à la tomate carrefour, tu paies la matière première, la fabrication, le transport, la mise en rayon, les marges, la publicité etc. Quelque-soit le mode de financement, tu paieras la production.

Seuls les plus dingos et les moins connaisseurs sur le système peuvent s’imaginer faire des profits substantiels sur ce genre d’opération.

Peut être que c’est aussi ça, la pseudo non révolution : se faire plaisir. Créer un objet des ses mains, pouvoir débuter son projet, voir une idée prendre vie. Idées qui manquent cruellement dans les monde de l’audiovisuel qui arrive à nos portes non?

L’interweb2.0 : la culture de l’égo.

Pouvoir construire quelque chose de ses petites mimines et voir les réactions des gens? Oui, c’est un trip et un moteur aussi. Tout comme moi, tu fais du podcast, et pire que tout, tu as même un blog perso pour donner ton avis ! Et ça représente une masse de travail considérable si on veut faire quelque-chose de correct non? On serait sacrément faux derche de dire qu’on n’aime pas parler de ce qu’on aime, avoir des auditeurs/lecteurs, et mieux encore, avoir des retours. Tout ça revient, au final, à aimer se flatter le cortex frontal à coup de « like », sans forcement en attendre de l’argent ou un revenu régulier. Toujours plus sains qu’une autre culture de la célébrité facile qu’on voudrait nous faire avaler par temps de cerveau disponible non?

Le succès est une conséquence et non un but. gustave Flaubert.

Instant culture, oh YEAH.

Mais parce qu’il y a quelques années, une association caritative dont j’ai oublié le nom, c’est dire si l’opération de com’ était raté, a fourni des tentes aux sans abris à Paris. Tentes généreusement fournis par Décathlon qui a vu l’aubaine d’un support publicitaire gratuit.

Tu pars dans un idéalisme, assez mignon et très naïf je trouve. Nous vivons dans un monde « libéral » certes, mais qui tourne surtout autour de l’argent.

Et on ne récompense pas le risque, on récompense le succès. Pourquoi prendre un risque et perdre de l’argent si je ne suis pas sûr de multiplier ma mise? Aucun intérêt pour une entreprise dont le but est, par opposition à une association caritative, de faire de l’argent.

Je ne pense pas que le CF ira très haut dans les « mises ». Les projets comme ceux de Tim Schafer sont des exceptions, et sont dus, en partie, au talent et à l’image de la personne qui est à son origine.

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Toi mon ami Barberouss, toi grand joueur de jeu vidéo, qu’aujourd’hui un homme comme Tim Schafer, grand créateur de jeux, ne puisse pas trouver un financement par un studio qui fait des bénéfices invraisemblables avec des suites et des licences, devrait nous faire réfléchir à ce système plutôt qu’a nous faire sortir nos piécettes.

Pour Tim Schafer, il faut savoir que le monsieur et sa société Double Fine n’ont pas vraiment eu de soucis pour avoir des financements. Le monsieur a une certaine aura plutôt positive (perso je dirais que c’est un peu un dieu vu son CV) On en revient au même problème, la prise de risque. Si tu regardes les derniers jeu de m’sieur Tim, ils sont originaux, mais… dans une certaine limite. On a pu se rendre compte à travers plusieurs interview que les différents éditeurs ont bridé le monsieur pour le recentrer vers « ce qui marche ».

Alors, il a profité de son aura, à mis ses couilles sur la table avec sa société et à lancé son kickstarter pour faire le jeu qu’ils avaient envie de faire, sans les contraintes d’un éditeur. On connait maintenant le succès de sa levée de fond et le jeu est actuellement en développement. Je suis convaincu qu’il sera surpuissant.

Maintenant, il se dégage clairement de nos échanges une certaines frilosité du marché et des entreprises,et ça, nous sommes complètements d’accord. Mais avant de changer le monde avec de belles idées et la fleur au clavier, j’ai tendance à rester très pragmatique. Actuellement le foulesousous me permet d’avoir accès à des produits que je n’aurais jamais pu imaginer avant. Et rien que ça, je trouve ça positif. Pas la peine de rejeter en bloc une nouveauté ou « fausse nouveauté » comme tu dis, il faut aussi en profiter pour réfléchir sur ce que ça apporte et ce que ça révèle de notre société.

Et je crois qu’en 4 billets à nous deux, nous avons lancé des pistes de réflexion sur le sujet.

A deux. Et gratuitement… Mais elles sont où les poulettes?

Et un peu de bonne musique pour passer une bonne journée en faisant de l’air Guitar.

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